Objectifs de l'outil
Description brève de l'enjeu
Malgré les modifications apportées à la Loi sur les normes du travail en 2022 pour y inclure le droit des stagiaires à un milieu exempt de harcèlement sexuel et psychologique ainsi que le droit à la confidentialité lors d’une plainte (entre autres), des incidents de cette nature se produisent régulièrement. Il est important que les établissements d’enseignement qui supervisent des stagiaires fassent de la prévention une responsabilité collective.
Déroulement de l’activité
La prévention des agressions à caractère sexuel et du harcèlement sexuel, ça fonctionne. C’est pourquoi vous pouvez animer cette activité avec les étudiant·e·s avant leur départ en stage. Une présentation Powerpoint modifiable accompagne le déroulement de l’activité ci-dessous.
Note : Il est nécessaire d’être deux membres du personnel (enseignant·e·s ou autre professionnel·le) pour animer cette activité, un homme ET une femme ou personne de la pluralité des genres, puisqu’une des activités d’apprentissage se déroule en contexte de non-mixité.
Durée : environ 1h30
Introduction [10 min]
- Accueillez les étudiant·e·s et présentez les objectifs de l’atelier.
- Faites un portrait rapide du contexte ayant mené à l’animation de cet atelier :
- Expériences passées des stagiaires du programme ;
- Statistiques sur le harcèlement sexuel et sexiste en stage ;
- Précisez d’entrée de jeu aux étudiant·e·s qu’iels n’ont pas à dévoiler quelque expérience vécue par le passé si ce n’est pas leur souhait. Si quelqu’un·e en ressent le besoin, il est tout à fait possible de quitter la rencontre pour un moment et d’être accompagné·e par l’une des personnes qui anime la rencontre.
- Interrogez les étudiant·e·s sur leurs perceptions initiales :
- Quand vous entendez « harcèlement sexuel ou sexiste », à quoi pensez-vous ? Notez les réponses sur un tableau ou une grande feuille de papier.
- Y a-t-il une différence entre ces deux termes selon vous ? Le harcèlement sexuel est défini et encadré par la Loi sur les normes du travail, nous allons explorer ensemble la définition aujourd’hui, tandis que le harcèlement sexiste peut s’apparenter au harcèlement psychologique, mais également à tous les commentaires sexistes, intentionnels ou non, qui peuvent être entendus en milieu de travail ou de stage.
Comprendre le harcèlement sexuel et sexiste [25 min]
- Définissez le harcèlement sexuel selon la Loi sur les normes du travail et la Politique de prévention et de prise en charge des situations de harcèlement psychologique et sexuel du Cégep.
- « Le harcèlement sexuel est inclus dans la définition du harcèlement psychologique. Il peut s’agir d’une conduite vexatoire qui se manifeste soit par des comportements, des paroles, des écrits, des actes ou des gestes répétés à caractère sexuel, qui sont hostiles ou non désirés. Cette conduite porte atteinte à la dignité ou à l’intégrité psychologique ou physique de la personne et elle entraîne, pour celle-ci, un milieu de travail ou d’études néfaste. Une seule conduite grave peut aussi constituer du harcèlement si elle porte une telle atteinte et produit un effet nocif continu pour la personne. » (Cégep de la Gaspésie et des Îles)
- Donnez des exemples de harcèlement sexuel en milieu de travail ou de stage qui sont reliés à votre industrie (propos, gestes, images, humour, rumeurs, contacts physiques, isolement, textos, etc.)
- Activité d’improvisation théâtrale
- Divisez le groupe en équipes de 2 à 4 personnes, selon les différents scénarios proposés dans l’activité de Travailleuses averties ou sélectionnez quelques mises en situation et demandez des volontaires.
- Invitez les étudiant·e·s à créer et jouer des scènes issues d’un milieu de travail de votre secteur d’activité professionnelle.
- Si vos étudiant·e·s ne sont pas à l’aise avec le théâtre ou si le temps manque, vous pouvez présenter l’une des vidéos proposées sur le site Travailleuses averties.
- Pourquoi le harcèlement sexuel existe-t-il ?
- Laisser les étudiant·e·s répondre.
- Définir la culture du viol et ses effets.
- Définir les biais inconscients ainsi que les mythes et préjugés qui renforcent la culture du viol.
- Le tabou entourant les agressions à caractère sexuel (ACS) et la culture du viol qui banalise les ACS et leurs effets sur les victimes freine la dénonciation, tant chez les témoins que les victimes. Le harcèlement sexuel existe parce qu’on le tolère.
Les obligations légales du milieu de stage
- Rappelez que les stagiaires sont protégés par la Loi sur les normes du travail en matière de harcèlement psychologique et sexuel, de même que par la Politique du Cégep, peu importe que leur stage soit rémunéré ou non. Cela leur donne le droit de :
- Porter plainte à la CNESST dans les 2 ans suivant le dernier événement ;
- Droit à la confidentialité si elles portent plainte ;
- Être protégées contre les représailles si elles portent plainte.
- Les étapes pour porter plainte :
- Auprès de l’employeur/milieu de stage en fonction de la politique de l’entreprise :
- Consultez la politique de prévention du harcèlement psychologique et sexuel en milieu de travail pour trouver la personne responsable de la politique et connaître les différentes étapes.
- Auprès du Cégep en fonction de la politique du Cégep :
- Direction des études
- Guichet unique
- Enseignant·e responsable de stage
- Auprès de la CNESST.
- Qu’est-ce qu’un témoin actif ?
- Le silence et le tabou sont les meilleurs alliés des harceleurs et des agresseurs. Vous pouvez vraiment changer la donne en devenant un témoin actif.
- Présentez l’annexe 4 de la Politique du Cégep
Se tenir debout face aux violences sexuelles
Cette partie de l’atelier se déroule en groupes non-mixtes, c’est-à-dire que les étudiants masculins sont invités à aller dans une autre pièce avec l’enseignant ou l’animateur et les étudiantes féminines ou de la pluralité des genres à rester dans la pièce avec l’enseignante ou l’animatrice.
Nous avons choisi de séparer les groupes selon le genre parce qu’il s’agit d’un enjeu genré, bien que tout le monde puisse être victime ou auteur·ice de harcèlement sexuel, peu importe son genre. Toutefois, dans un milieu traditionnellement masculin, la grande majorité des auteurs de harcèlement sexuel sont des hommes et les femmes y sont, dans ce contexte, beaucoup plus vulnérables. C’est pourquoi nous voulons créer des espaces de discussion ou chaque groupe pourra partager ses impressions en lien avec cette réalité genrée. Nous ferons un retour en groupe par la suite pour que tout le monde puisse tirer les mêmes apprentissages de cette activité.
Discussion avec les étudiantes
Commencez par rassurer les étudiantes que si le risque de subir du harcèlement sexuel en milieu de stage n’est jamais nul, de nombreuses mesures de prévention sont mises en place, autant par le Cégep que par le milieu de stage. L’objectif de ce moment d’échange est de prendre conscience de cette réalité et de comment on peut y faire face.
Ensuite, précisez qu’il s’agit ici d’un espace sécuritaire, sans jugement, où les histoires restent, mais d’où les apprentissages peuvent sortir, c’est-à-dire qu’aucune histoire personnelle ou dévoilement ne peut sortir de cet espace, mais les apprentissages que nous ferons ensemble pourront être partagés avec nos collègues de classe lors du retour en grand groupe : comment être un bon allié, quels peuvent être les effets d’être la seule femme dans un milieu, etc.
Explorez les questions suivantes avec les étudiantes, sous la forme d’un cercle de parole ou chacune peut passer son tour si elle en ressent le besoin (l’enseignante peut être incluse dans le cercle) :
- Quels sont les signes que vous percevez, en vous ou chez vos collègues, qu’une situation est inadéquate, problématique, relève d’une dynamique sexiste ?
- Quelles sont vos approches privilégiées pour répondre au sexisme ordinaire ou au harcèlement sexuel ? Avez-vous des trucs avec lesquels vous vous sentez plus à l’aise que d’autres ? Qui fonctionnent mieux que d’autres ?
- S’il vous arrivait de vivre du harcèlement sexuel ou une agression à caractère sexuel lors de votre stage, est-ce que vous la dénonceriez ? En parleriez-vous ? Si oui, à qui ? À quel moment ?
Rappelez-vous de toujours croire les étudiantes et de valider leurs émotions s’il y en a qui se manifestent. Ces comportements aidants doivent aussi être incarnés chez toutes les étudiantes qui participent à l’activité. Ensemble, décidez des apprentissages faits lors du cercle de parole qui, selon vous, devraient être connus du reste de leurs camarades de classe
Discussion avec les étudiants
Rappelez aux étudiants que l’objectif de cette activité non-mixte est de permettre à chaque groupe de se questionner avec d’autres personnes du même genre sur leur vision et leur expérience d’un phénomène genré.
Ensuite, précisez qu’il s’agit ici d’un espace sécuritaire, sans jugement, où les histoires restent, mais d’où les apprentissages peuvent sortir, c’est-à-dire qu’aucune histoire personnelle ou dévoilement ne peut sortir de cet espace, mais les apprentissages que nous ferons ensemble pourront être partagés avec nos collègues de classe lors du retour en grand groupe.
Explorez les questions suivantes avec les étudiants, sous la forme d’un cercle de parole ou chacun peut passer son tour s’il en ressent le besoin (l’enseignant peut être inclus dans le cercle) :
- Qu’est-ce qui nous empêche de réagir quand on entend des blagues sexistes ou des propos déplacés en groupe, particulièrement en contexte de travail ?
- Comment vous sentez-vous lorsqu’une collègue vous fait remarquer un geste que vous avez fait ou une parole que vous avez dite qui était sexiste ou empreinte de préjugés envers les femmes ?
- Si vous êtes témoins de harcèlement sexuel, quelle est l’approche de témoin actif avec laquelle vous êtes le plus à l’aise ? De quoi auriez-vous besoin pour agir en soutien ? Avez-vous des craintes à en parler avec la victime ? Lesquelles ?
Ensemble, décidez des apprentissages faits lors du cercle de parole qui, selon vous, devraient être connus du reste de leurs camarades de classe.
Conclusion et retour en groupe [15 min]
De retour dans la même salle, chaque groupe partage ses apprentissages aux autres. Les étudiant·e·s peuvent compléter ou poser des questions supplémentaires.
Individuellement, les étudiant·e·s sont invités à répondre aux questions suivantes :
- Quel type de collègue est-ce que je veux être en milieu de stage ou de travail ?
- Quels sont les trois mots qui décrivent comment je me sens à la fin de cette rencontre ?
S’il reste un peu de temps, les étudiant·e·s qui le désirent peuvent partager ce qu’iels ont écrit en réponse aux deux questions.
On remet à chaque étudiant·e à la fin de la rencontre un aide-mémoire des ressources pertinentes à avoir sous la main durant leur stage et on leur rappelle les concepts importants de l’atelier qui n’auraient pas été abordés dans le retour sur l’activité en non-mixité.