Historique du projet

Des études confirment que la socialisation sexuée influe sur la persévérance scolaire ainsi que sur les parcours de décrochage et de raccrochage scolaires (Conseil supérieur de l’éducation, 1999). Cette socialisation est le résultat, notamment, des attitudes et attentes différentes que nous avons vis-à-vis des enfants et les jeunes, en fonction de leur sexe (Persévérer dans l’égalité, 2016). Elle renforce les stéréotypes sexuels chez les enfants qui les intériorisent. Ainsi, les filles et les garçons vivent une expérience scolaire différente. Il est de plus reconnu que les filles et les garçons qui adhèrent aux stéréotypes sexuels sont ceux et celles qui décrochent le plus.

Cette socialisation différenciée influe aussi sur les parcours d’orientations scolaires, et au final, sur les choix de carrières (Conseil du statut de la femme, 2015). Ce phénomène se traduit notamment, mais pas exclusivement, par :

  1. Des différences dans le processus de désengagement scolaire : les filles qui décrochent seraient davantage touchées que les garçons par les facteurs psychologiques ou les problèmes familiaux, qui sont souvent peu visibles à l’école. En ce qui a trait aux garçons, ceux-ci citent davantage le désir ou besoin de travailler comme motif de décrochage (Guide persévérer dans l’égalité, 2018).
  2. Des inégalités faisant en sorte que les filles qui décrochent sont plus désavantagées que les garçons dans leurs parcours socioéconomiques, car elles connaissent plus fortement la précarité et la pauvreté (Théorêt et Hrimech, 1999).Soulignons également que la défavorisation socioéconomique est un des principaux facteurs de risque de décrochage et qu’elle est en partie liée à la sous-scolarisation des mères, c’est-à-dire que les élèves qui ont une mère non diplômée sont plus à risque de décrocher que les autres (FAE – Relais-Femmes, 2010).
  3. Dès la petite enfance, plusieurs études démontrent des inégalités importantes à l’avantage des filles en ce qui a trait à l’initiation et la motivation à la lecture, ce qui influe grandement sur la suite du parcours scolaire (ELDEQ, 2015).
  4. En milieu professionnel et collégial, les stéréotypes sexuels peuvent avoir un impact important sur l’intégration des étudiant-es dans des formations menant à des métiers traditionnellement masculins ou féminins (ex: les femmes en foresterie,ou en tourisme d’aventure, les hommes en soins infirmiers ou en travail social) et et sur la qualité de leur formation.
  5. Dans la région, la ségrégation académique et professionnelle est plus marquée qu’ailleurs au Québec (Conseil du Statut de la femme, 2015). Pour répondre à ces problématiques, la TCGFGIM a participé en 2015-2016 au développement et à l’expérimentation d’un guide portant sur la persévérance scolaire et les stéréotypes sexuels (Persévérer dans l’égalité, 2016). Ce guide s’adressait aux intervenant-e-s du milieu de l’éducation et visait à sensibiliser ces derniers aux liens entre l’adhésion aux stéréotypes sexuels chez les jeunes et les perspectives de persévérance scolaire.

Nous avons donc souhaité bonifier la démarche Persévérer dans l’égalité pour permettre aux intervenant-e-s de réellement intégrer ces constats dans leur pratiques éducatives et ainsi développer des pistes d’intervention adaptées aux réalités des différents milieux d’enseignement, de la petite enfance au collégial. C’est dans cette optique que nous avons mis sur pied ce site web, qui rassemble des outils et des pistes d’intervention pour chacun des niveaux scolaires. Les outils sont adaptés aux divers contextes rencontrés en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine, soient ceux des communautés francophones, anglophones et Mi’kmaq.

Au cours de l’année scolaire 2019-2020, une quinzaine de milieux bénéficieront de plusieurs formations et d’un accompagnement afin que leur personnel commence à mettre en pratique certaines pistes d’intervention pour déconstruire les stéréotypes sexuels, tant dans leurs pratiques pédagogiques qu’auprès de leurs élèves. En 2020-2021, cette formation sera déployée sur tout le territoire de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine afin qu’un maximum de milieux puissent bénéficier de cette formation.