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Description brève de l'enjeu
Les stéréotypes de genre limitent les choix personnels et professionnels et peuvent mettre la réussite en péril. Parmi les 520 groupes professionnels au Québec, on en dénombre 95 non traditionnels pour les garçons et 280 non traditionnels pour les filles. En Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, parmi les 15 principales professions occupées par les hommes de la région en 2015, neuf affichaient un taux de masculinité de plus de 80%. Chez les femmes, on observe la même tendance : 10 professions sur 15 présentent des taux de féminité supérieurs à 80%, ce qui laisse voir que les hommes occupent ici moins d’emplois non traditionnels que les femmes (Statistiques Canada, 2016). Les personnes qui optent pour des programmes non traditionnels pour leur sexe peuvent faire face à de nombreux préjugés, tant de leur entourage que de la part du milieu de travail ou d’études.
Généralement, on remarque que les hommes qui choisissent des métiers traditionnellement féminins font face à des préjugés de la part de leur entourage (famille, amis) et ce, bien souvent avant même l’intégration en formation. En ce qui concerne les femmes, celles-ci vont plutôt faire face à des préjugés issus du milieu professionnel comme tel, en plus de devoir composer avec des horaires de travail qui ne facilitent pas la conciliation travail-famille (Gosselin, 2019). Les défis rencontrés par les étudiants et les étudiantes étant différents, afin de les amener à persévérer dans ces programmes d’études, les stratégies mises en oeuvre doivent être différentes.
Persévérer comme étudiant en milieu traditionnellement féminin
Les transgressions des stéréotypes par les garçons et les hommes sont beaucoup moins tolérées que l’inverse. En effet, on encourage beaucoup plus les femmes à intégrer des métiers traditionnellement masculins que les hommes à le faire en milieux traditionnellement féminins. Les hommes qui décident de le faire voient leur masculinité remise en question par leur entourage et peuvent être victimes d’intimidation ou de soupçons non fondés, basés sur des préjugés. Par exemple, les parents sont plus réticents à laisser le soin de leurs enfants à un éducateur en petite enfance qu’à une éducatrice, les deux personnes ayant pourtant la même formation et les mêmes compétences.
Au Québec, par exemple, seulement 3,5 % des inscriptions en TEE proviennent des garçons et seulement un sur quatre terminera sa formation (Diren et Besnard, 2010).
Peu de recherches ont été faites sur l’intégration des hommes dans les professions traditionnellement féminines. Voici quelques conseils pour favoriser la persévérance scolaire des étudiants dans certains programmes particuliers.
En général…
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- Utiliser un langage inclusif des hommes également, tant dans les écrits qu’à l’oral dans les classes (infirmiers et infirmières, éducatrices et éducateurs, etc.);
- Utiliser des approches pédagogiques variées, dont des approches qui mettent de l’avant la compétition et les travaux pratiques;
- Offrir des services de soutien psychologique et social, les étudiants vivant du stress durant leur formation et bénéficiant de peu de soutien de leur entourage par rapport à leur projet de carrière;
- Ne pas tomber dans la reproduction des stéréotypes masculins et favoriser différentes formes de masculinité;
- Lutter contre les questions ou les propos homophobes ou qui portent sur l’orientation sexuelle des garçons.
En soins infirmiers (St-Pierre, 2013)…
- Sensibiliser les enseignant·e·s et les autres membres du personnel sur les perceptions et les attitudes qui engendrent de la discrimination à l’égard des étudiants infirmiers;
- Présenter des modèles masculins, entre autres en contexte de stage si possible;
- Favoriser le regroupement des étudiants de sexe masculins;
- Aborder, avec les étudiants, les défis auxquels ils peuvent faire face particulièrement en raison de leur sexe et les outiller pour leur permettre de les surmonter, par exemple :
- Ne pas se sentir bienvenu dans les milieux cliniques;
- La peur d’être accusés de harcèlement sexuel quand ils touchent ou pratiquent des soins intimes aux femmes;
- Le manque de préparation à travailler avec des collègues majoritairement de sexe féminin;
- Le manque de reconnaissance des différents styles de communication.
- Valoriser les étudiants pour autre chose que leur force physique et mettre en valeur leurs compétences humaines (empathie, sollicitude, etc.);
- Inclure la santé des hommes (au même titre que la santé des femmes) dans les contenus d’apprentissage.
En éducation à l’enfance (Diren et Besnard, 2010)…
- Valoriser diverses formes d’intervention auprès des enfants et aider les étudiants masculins à assumer leurs différences dans la façon d’intervenir avec les enfants;
- Outiller les étudiants pour leur permettre de répondre aux craintes et aux préjugés des parents, qui ont parfois des soupçons de pédophilie envers les éducateurs et qui ont peur que leur enfant subisse des attouchements sexuels;
- Par exemple, leur donner des trucs pour établir une relation de confiance avec les parents;
- Regrouper les garçons plutôt que de les isoler dans différents groupes;
- Tenter de les jumeler avec un éducateur durant leur stage;
- Intégrer la vision masculine dans les sujets abordés (ou demander aux étudiants de l’apporter);
- Ajuster les exemples et les activités proposées pour qu’elles rejoignent aussi les étudiants;
- Adopter et favoriser au sein du groupe des attitudes d’ouverture à l’autre et à la différence, favoriser la cohésion du groupe;
- Offrir un soutien privilégié aux étudiants qui démontrent un besoin spécifique;
- Avoir un souci d’équité lors des évaluations;
- Considérer l’effet des préjugés sur le stagiaire et leur incidence sur l’évaluation du stage;
- Par souci d’équité, on doit contrer l’attitude plus tolérante des milieux vis-à-vis des gars;
En travail social…
- Présenter diverses méthodes d’intervention en travail social qui sont non traditionnelles ainsi qu’une variété de milieux de pratique, par exemple : accompagnement dans des activités sportives, travailleur de rang, travailleur de rue, travailleur de milieu, etc.;
- Faire connaître les interventions en bureau aux étudiants lors de leurs stages pour faciliter leur accès à ces types de postes, qui leur sont souvent refusés sur la base de stéréotypes sexistes;
- Offrir un soutien particulier aux stagiaires masculins, qui rencontrent des difficultés particulières dans un milieu majoritairement féminin. Par exemple, il est possible de les jumeler avec un travailleur social masculin lors de leur stage.
Persévérer comme étudiante en milieu traditionnellement masculin
L’intégration des femmes dans les milieux traditionnellement masculins est fortement documentée. Les parcours des étudiantes dans des domaines non traditionnels varient toutefois grandement de l’une à l’autre, d’un secteur à l’autre (Fortier, 2013). Les recommandations recensées n’étaient toutefois pas divisées selon le domaine d’études.
En général…
- Ne tolérer aucun propos ou blague sexiste de la part de vos collègues ou de vos étudiants;
- Mettre sur pied un politique contre le harcèlement sous toutes ses formes;
- Valoriser la compétence des étudiantes et favoriser le renforcement de leur sentiment d’efficacité personnelle;
- Pour celles qui font un retour aux études, les revenus et le temps nécessaire pour assumer les responsabilités familiales influencent la persévérance. Il faut donc mettre en place des mesures pour aider les parents-étudiantes;
- Offrir un soutien moral aux étudiantes tout au long de leur intégration, que ce soit dans la classe ou dans le milieu de stage;
- Déconstruire les stéréotypes sexistes associés aux femmes, tant auprès des enseignant·e·s que des étudiant·e·s;
- Jumeler les étudiantes avec des femmes dans les milieux de travail lors des stages pratiques.
Références
DIREN, Ayse et BESNARD, Thérèse (2010). « Un étudiant en techniques d’éducation à l’enfance : peut-on l’aider à compléter son programme d’études? », Pédagogie collégiale, Vol. 23, No 2, pp. 5-11, accessible à : https://cdc.qc.ca/ped_coll/v23/besnard-23-2.pdf
FIMBRY, Myriam (2014). « CPE: des hommes parmi les éducatrices », ICI Estrie, article publié le 29 août 2014, accessible à : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/682352/hommes-educateurs-cpe-sherbrooke-photoreportage
FORTIER, Sylvie (2013). Femmes en formation professionnelle menant à l’exercice d’un métier traditionnellement masculin, mémoire de maîtrise, Université du Québec à Rimouski, accessible à : http://semaphore.uqar.ca/952/1/Sylvie_Fortier_novembre2013_A1b.pdf
GOSSELIN, Geneviève (2019). « Opter pour un métier non traditionnel : un choix valorisant! », Jobboom, accessible à : https://www.jobboom.com/carriere/opter-pour-un-metier-non-traditionnel-un-choix-valorisant/
STATISTIQUES CANADA (2016). Profil du recensement, Recensement de 2016, Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, 2018, https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2016/dp-pd/prof/details/page.cfm?Lang=F&Geo1=ER&Code1=2410&Geo2=PR&Code2=24&Data=Count&SearchText=Gaspesie–Iles-de-la-Madeleine&SearchType=Begins&SearchPR=01&B1=All&GeoLevel=PR&GeoCode=2410&TABID=1
ST-PIERRE, Chantal (2013). « Sexisme et professions à dominance féminine : être ou ne pas être infirmier », ORÉGAND, conférence accessible à : https://www.youtube.com/watch?v=Zpam9nReABY