L’évaluation dans une perspective égalitaire

Objectifs de l'outil

Évaluer les compétences et les connaissances des étudiant·e·s indépendamment de leur sexe.
L’évaluation dans une perspective égalitaire

Description brève de l'enjeu

Baudoux et Noircent (1993) ont effectué une analyse élaborée des rapports sociaux de sexe dans les classes du collégial québécois. En ce qui a trait à l’évaluation des étudiant·e·s, les auteur·e·s ont pu noter les faits suivants :

  • Dans le cas où garçons et filles ont obtenu des mauvaises notes identiques, les filles ont deux fois moins de chances que les garçons de constituer un sujet de préoccupation de la part du personnel enseignant.
  • Quand le personnel enseignant croit évaluer des travaux remis par les garçons, les notes sont plus élevées.
  • Un travail très bien présenté est dévalorisé s’il est censé avoir été produit par une fille et complimenté s’il est présenté comme celui d’un garçon.
  • Le personnel enseignant a tendance à attribuer de mauvais résultats à un manque d’efforts dans le cas des garçons et à un manque d’habiletés intellectuelles dans celui des filles.

Cette évaluation différenciée selon le sexe est inconsciente et non intentionnelle, mais il faut tout de même mettre en œuvre de bonnes pratiques d’évaluation pour s’assurer que celle-ci soit égalitaire.

Afin de s’assurer que notre évaluation est la plus objective et la plus égalitaire possible, voici quelques pratiques fécondes à mettre en place :

  1. Ayez une grille d’évaluation critériée précise pour chacun des éléments de compétence à évaluer. Déterminez vos attentes à l’avance par le biais de cette grille et partagez-la avec vos étudiant·e·s pour qu’ils et elles les comprennent bien.
  2. Corrigez à l’aveugle : plutôt que de demander aux étudiant·e·s de remettre leurs travaux et examens écrits (en version papier) identifiés par leur nom, demandez-leur d’inscrire un numéro. Ayez, sur une liste de vos étudiant·e·s, les numéros correspondants à chacun d’eux et chacune d’elles (ou demandez à un ou une collègue ou encore à vos étudiant·e·s de faire cette liste en leur expliquant votre objectif). Si vous utilisez des environnements numériques d’apprentissage, sachez qu’une correction à l’aveugle peut facilement être faite dans Moodle.
  3. L’évaluation par les pairs : allouez une partie de l’évaluation totale à une évaluation faite par les pairs. L’évaluation par les pairs permet de valoriser les connaissances et les compétences des étudiant·e·s, d’offrir une rétroaction plus complète grâce à l’ajout de points de vue variés et permet aux étudiant·e·s qui évaluent de consolider leurs apprentissages en s’interrogeant sur le travail de leurs pairs. Une grille d’évaluation critériée précise et très détaillée facilitera la tâche des étudiant·e·s qui évaluent, ainsi que la vôtre!

Quelques principes de base de l’évaluation féministe s’appliquent bien en contexte collégial :

  1. Il y a plusieurs façons d’exprimer son savoir : alors que certaines personnes préfèrent l’écrit, d’autres privilégieront l’oral ou la démonstration pratique, par exemple. Il peut être intéressant de proposer aux étudiant·e·s diverses méthodes d’évaluation des savoirs parmi lesquelles ils et elles peuvent choisir.
  2. Mettre de l’avant des approches démocratiques : lorsque les circonstances le permettent, les étudiant·e·s peuvent être impliqué·e·s dans l’évaluation de leur travail et avoir leur mot à dire. Habituellement, si les critères d’évaluation sont bien connus des étudiant·e·s et respectés de l’enseignant·e, cette pratique se déroule sans heurts.
  3. Renforce le pouvoir d’agir et le sentiment de compétence de la personne évaluée : l’évaluation bien réalisée et bien expliquée mène à un apprentissage pour l’étudiant·e, elle est formatrice (même lorsqu’on parle d’évaluation « sommative »). Ainsi, la rétroaction donnée aux étudiant·e·s doit leur permettre d’avoir confiance en leurs compétences et renforcer leur pouvoir d’agir sur leur vie et sur la matière enseignée en tant que telle.

Références

BAUDOUX, Claudine et NOIRCENT, Albert (1993). « Rapport sociaux de sexe dans les classes du collégial québécois », Revue canadienne de l’éducation, Vol. 18, No 2, pp. 150-167, accessible à : http://journals.sfu.ca/cje/index.php/cje-rce/article/view/2654/1962