Gestion de classe égalitaire

Objectifs de l'outil

Créer un climat de classe favorable à l’apprentissage de toutes les étudiantes et de tous les étudiants ;
Favoriser des relations égalitaires entre filles et garçons ;
Déconstruire les stéréotypes sexuels auprès des étudiant·e·s.
Gestion de classe égalitaire

Description brève de l'enjeu

Les filles sont plus sensibles au climat de classe que les garçons (Roy et al., 2010), qui eux ont tendance à occuper davantage l’espace physique et sonore de la classe (Baudoux et Noircent, 1993). Afin de favoriser la persévérance scolaire des étudiantes ainsi que des relations égalitaires entre filles et garçons, l’enseignant·e doit demeurer vigilant·e face aux situations stéréotypées et inéquitables dans sa classe tout en s’efforçant de garder le principe d’égalité entre les hommes et les femmes au coeur de sa gestion de classe.

Il existe diverses stratégies de gestion de classe égalitaire et d’enseignement féministe qui peuvent être mises en place par l’enseignant·e au quotidien. Si plusieurs recommandations générales sont proposées sur ce site, en voici quelques-unes qui sont plus précises.

Climat de classe égalitaire

En s’inspirant du concept des espaces sécuritaires, traduction du concept anglo-saxon de « safe space », il est possible de créer un climat de classe propice à des discussions exemptes de jugements. Les espaces sécuritaires sont habituellement non mixtes, c’est-à-dire qu’ils rassemblent, par exemple, uniquement des femmes lorsqu’une discussion sur le sexisme a cours. En classe, un lieu mixte, l’enseignant·e peut offrir la possibilité aux étudiant·e·s de se retirer d’une discussion délicate s’ils et elles ne se sentent pas aptes émotivement à y participer ce jour-là. Autrement, l’enseignant·e peut inviter, en début de session, les étudiant·e·s à interagir de façon empathique en classe et à se questionner sur la présence de préjugés dans leurs interventions. Enfin, l’enseignant·e doit lui-même ou elle-même montrer l’exemple et signifier clairement son ouverture aux idées et prises de positions allant à l’encontre de la pensée dominante afin que tous les élèves soient à l’aise de s’exprimer.

Prise de parole équitable

En classe, au cégep, les garçons occupent davantage l’espace sonore que les filles, leur coupent plus souvent la parole et participent plus qu’elles aux discussions n’ayant pas trait avec la matière comme telle (Baudoux et Noircent, 1993). Les auteur·e·s soulignent de plus que les garçons reçoivent plus d‘indications et de questions semi-ouvertes ou complexes. Afin de favoriser une prise de parole équitable entre étudiantes et étudiants en classe, l’enseignant·e peut :

  • Alterner les prises de parole entre garçons et filles. Dans les classes où l’un des genres est majoritaire, l’enseignant·e peut utiliser sa liste d’étudiant·e·s et les interroger dans cet ordre ou encore piger le nom d’un·e étudiant·e (il existe aussi des applications web pour le faire de façon ludique);
  • S’assurer de poser des questions complexes et ouvertes à toute sa classe, indépendamment du sexe des étudiant·e·s;
  • S’efforcer d’apprendre rapidement le nom de tous les étudiants, mais surtout de toutes les étudiantes, qui sont généralement perçues comme un groupe indistinct.

Éviter de traiter garçons et filles différemment

Selon une étude menée par Baudoux et Noircent (1993) au collégial, le personnel enseignant a tendance à traiter filles et garçons différemment. Par exemple, les garçons sont davantage punis ou réprimandés publiquement, alors que les filles reçoivent des remarques formulées brièvement et sur un ton calme, souvent à l’insu du reste de la classe. Les interactions entre le personnel enseignant et les élèves sont aussi stéréotypées, soit sur le mode de la domination et de la séparation avec les garçons, et sur le mode de la douceur et de la fusion avec les filles. Afin d’éviter ces biais inconscient, le personnel enseignant peut :

  • Adopter une pratique réflexive en réalisant des activités d’autoréflexion sur les stéréotypes sexuels;
  • Réprimander les étudiant·e·s de façon constante et cohérente avec les règles de classe établies en début de session, idéalement en évitant la confrontation devant le groupe.

La menace du stéréotype

La menace du stéréotype est un phénomène bien documenté qui réfère à la peur qu’a une personne que sa performance confirmera un stéréotype d’un groupe auquel elle s’identifie. Par exemple, on remarque que les filles réussissent mieux une même tâche lorsqu’on leur mentionne qu’il s’agit d’une tâche de dessin que lorsqu’on leur présente le travail à faire comme étant un problème de géométrie. La menace du stéréotype est étroitement lié à un sentiment de compétence inférieur chez les filles et peut se manifester de façon plus importante encore lorsque des filles étudient dans des domaines traditionnellement masculins, que ce soit dans la filière technique (informatique, foresterie, mécanique, etc.) ou préuniversitaire (sciences de la nature, mathématiques, etc.). Afin de minimiser cet effet, le personnel enseignant peut :

  • Encourager et valoriser les réussites des étudiantes;
  • Offrir aux étudiantes des occasions de se montrer compétentes en classe;
  • Mentionner explicitement le fait que tous les étudiants et toutes les étudiantes de la classe disposent des compétences nécessaires pour réaliser un travail demandé. Le simple fait de réaffirmer sa confiance envers la compétence de toutes et tous a été démontré comme étant une mesure efficace pour minimiser l’effet de la menace du stéréotype.

Références

BAUDOUX, Claudine et NOIRCENT, Alber (1993). « Rapports sociaux de sexe dans les classes du collégial québécois », Revue canadienne de l’éducation, Vol. 18, No 2, pp. 150-167, accessible à : http://journals.sfu.ca/cje/index.php/cje-rce/article/view/2654/1962

LEVASSEUR, Julia (2017). « Démystifier les « safe spaces » », Montréal campus, article publié le 15 mars 2017, accessible à : http://montrealcampus.ca/2017/03/15/demystifier-les-safe-spaces/