Objectifs de l'outil
Description brève de l'enjeu
Le décrochage scolaire au niveau collégial est une problématique importante tant chez les filles que chez les garçons, même si ces derniers décrochent un peu plus que leurs camarades féminines. Toutefois, filles et garçons ne décrochent pas pour les mêmes raisons. Ainsi, pour favoriser la persévérance scolaire de tous et de toutes, il faut mettre en œuvre des stratégies différenciées selon le sexe, sans pour autant renforcer les stéréotypes sexuels.
Les étudiantes et les étudiants ont un rapport à l’école différent, ce qui les amène à décrocher pour des raisons tout aussi différentes. Cette fiche vous offre quelques pistes d’intervention qui favorisent la persévérance scolaire de tous et de toutes tout en prenant en considération ce rapport à l’école différencié selon le sexe.
Chez les garçons
Un choix de carrière indécis
Les étudiants masculins entament leurs études collégiales avec un projet de carrière plus flou que les étudiantes (Dions-Viens, 2019) et décrochent davantage en raison de l’attrait du marché du travail, celui-ci leur offrant des emplois généralement beaucoup mieux payés que ceux traditionnellement féminins. Afin d’agir sur ces facteurs, il est recommandé :
- D’augmenter le nombre de services d’orientation pour la population étudiante;
- De rendre plus accessibles les services d’orientation aux garçons, qui préfèrent les lieux informels, par exemple en offrant des consultations sans rendez-vous ou en investissant les lieux comme les cafétérias ou les salons étudiants;
- Organiser des activités d’orientation scolaire sur le campus;
- Établir un partenariat avec les employeurs de la région pour qu’ils fournissent un horaire de travail flexible, adapté aux besoins des étudiants et qui priorise les études avant tout.
Approches pédagogiques variées
Les garçons rapportent décrocher davantage au cégep en raison d’un manque de motivation ou d’intérêt au regard des études. Afin de favoriser leur intérêt et de soutenir leur motivation, il est recommandé de varier les approches pédagogiques au quotidien (Howe, 2013), notamment en :
- mettant en place un meilleur équilibre entre l’enseignement théorique et l’enseignement pratique;
- favorisant la collaboration entre les étudiant·e·s et inclure tout de même quelques éléments de compétition entre équipes et non entre individus;
- expliquant clairement l’objectif et l’utilité des contenus et des méthodes pédagogiques, les garçons à risque les questionnant plus souvent;
- variant ses stratégies pédagogiques : travail en équipe, enseignement stratégique, apprentissage par problèmes, mises en situation, approche par projets, réseaux de concepts, TIC, jeux de rôle, travaux longs, recherches, journal de bord, évaluation formative, écriture, rencontre avec des conférenciers ou des conférencières, etc.
Le soutien social
Le réseau social des garçons a une forte influence sur leur cheminement scolaire, beaucoup de jeunes décrocheurs invoquant souvent la présence d’amis désirant abandonner leurs études comme étant un facteur les menant à eux-mêmes décrocher (Roy et al., 2012). Afin d’agir sur ce facteur, il est recommandé de :
- Favoriser la création d’un lien significatif entre l’enseignant·e et l’étudiant;
- Prendre en considération la volonté d’autonomie des garçons et les soutenir en ce sens;
- Mettre en place des groupes de soutien en classe dès le début de la première session, soit dès l’entrée au cégep;
- Mettre en place du tutorat maître-élève après les groupes de soutien (Tremblay et al., 2006);
- Développer des formules de tutorat en tandem qui portent une attention particulière aux indicateurs de bien-être personnel : niveau de motivation, symptômes dépressifs, sentiment d’appartenance à l’école, etc.
Activités parascolaires
Les activités parascolaires sont bénéfiques à la persévérance scolaire, notamment en ce qui a trait à la motivation, à la création d’un réseau social positif, au développement d’un sentiment d’appartenance envers le collège et à la construction identitaire.
- Faciliter la conciliation de l’horaire des cours avec les activités parascolaires dans tous les secteurs (socioculturel, communautaire, etc.) et non seulement dans le secteur sportif;
- Permettre une utilisation plus judicieuse et un meilleur accès pour certains lieux en vue de développer le sentiment d’appartenance chez les étudiants, par exemple : locaux pour tutorat, local pour chaque programme, gymnases, endroits de repos, aménagement de l’environnement extérieur, autre bâtiment, etc. (Roy et al., 2010).
Chez les filles
Conciliation études-famille-travail
Les cégépiennes invoquent le plus souvent des raisons personnelles et familiales ainsi que la charge de travail trop lourde pour décrocher. Afin de minimiser l’incidence de tels facteurs sur la persévérance scolaire des étudiantes, il est recommandé de :
- Mettre en place des mesures spécifiques pour les parents-étudiants, les femmes étant majoritairement responsables du soin des enfants;
- Organiser des ateliers permettant de développer des compétences organisationnelles dès la première session d’études;
- Offrir des ateliers aux raccrocheuses pour qu’elles « apprennent à apprendre » (Raby, 2014).
Soutien social et gestion du stress
- Développer l’aspect relationnel chez les professeurs. Par exemple, favoriser une attitude positive à l’égard des étudiantes, offrir un encadrement et un suivi individuel, réserver des moments de récupération scolaire, créer des occasions d’échanges avec les étudiants ou offrir une disponibilité plus grande;
- Les filles étant plus sensibles au climat de la classe, maintenir une gestion de classe qui favorise une ambiance saine et propice à l’apprentissage;
- Développer des formules de tutorat en tandem qui portent une attention particulière à la gestion du stress, celui-ci étant plus présent chez les filles;
- Informer les parents de la réalité des études collégiales de leurs enfants et de l’importance du rôle qu’ils et elles peuvent encore avoir à jouer auprès de leur fille, notamment par le biais d’une lettre adressée aux parents ou d’une conférence pour les outiller sur le type de soutien qu’ils peuvent apporter;
- Assurer l’accessibilité des services d’aide psychologique gratuits à l’école;
- Favoriser un climat d’accueil, de soutien et d’entraide (Raby, 2014).
Pratiques pédagogiques
Si garçons et filles bénéficient autant les uns que les autres de pratiques pédagogiques variées, il faut prendre en considération le fait que les filles ont souvent une moins bonne estime de soi, qu’elles sous-estiment leur compétence réelle, notamment en sciences de la nature, et qu’elles disent décrocher pour des raisons liées à des difficultés scolaires. Pour minimiser ces difficultés et favoriser la persévérance scolaire des filles, il est recommandé de :
- mettre en place des activités pédagogiques qui favorisent la collaboration;
- valoriser les bons coups des étudiantes dans la classe;
- offrir aux étudiantes des occasions de se montrer compétentes dans des activités non traditionnelles pour leur sexe;
- mettre en pratique une pédagogie féministe pour créer un climat d’apprentissage sain pour toutes les personnes présentes en classe (Barbeau, 2007).