Stéréotypes et persévérance scolaire

Objectifs de l'outil

Expliquer aux parents ce qu’est un stéréotype sexuel ainsi que le lien entre l’adhésion aux stéréotypes sexuels et la persévérance scolaire.
Stéréotypes et persévérance scolaire

Description brève de l'enjeu

Déconstruire les stéréotypes sexuels avec les enfants demande d’aller à l’encontre de certaines croyances bien ancrées dans notre société. La famille étant le tout premier lieu de socialisation, il est important de travailler aussi avec les parents à déconstruire les stéréotypes sexuels, à la fois pour poursuivre ce travail à la maison et pour expliquer aux parents les démarches entreprises à l’école ou dans l’organisme.

Les jeunes qui adhèrent le plus aux stéréotypes sont ceux et celles qui décrochent le plus.

 

En effet, « les filles et les garçons voient et “vivent” l’école différemment en raison d’une socialisation qui n’est pas la même. Mieux connaître ces différences permet d’agir plus efficacement, car la rupture scolaire est aussi le résultat de rapports difficiles à l’institution scolaire qui se déclinent différemment selon le sexe » (Réseau Réussite Montréal, 2018).

Qu’est-ce qu’un stéréotype?

Selon le Secrétariat à la condition féminine (2018), les stéréotypes sexuels sont « des clichés réducteurs qui associent les femmes, les hommes, les filles et les garçons, à deux univers séparés en leur assignant des caractéristiques distinctes. » Or, les plus récentes recherches en neurosciences démontrent qu’il n’existe pas, à la naissance, de différence biologique entre les cerveaux des garçons et des filles (Vidal, 2015). Les différences observées sont donc socialement induites par la famille, les médias, l’école, la publicité et la société en général.

Quel est le lien avec la persévérance scolaire ?

L’expérience scolaire des filles et des garçons diffère en raison des attentes différentes (et stéréotypées) que nous avons envers eux et elles. On s’attend généralement à ce que les garçons…

  • soient très actifs et occupent l’espace;
  • soient impulsifs;
  • s’intéressent aux sports et à la compétition;
  • s’intéressent aux machines;
  • etc.

Or, les diverses normes sociales associées aux garçons les amènent à être moins engagés à l’école. Il est entre autres moins acceptable pour eux de montrer un intérêt pour le travail scolaire et ils ont davantage la culture du jeu (Réseau Réussite Montréal, 2018). Au primaire, ils cherchent la reconnaissance de leurs pairs en étant turbulents et en défiant l’autorité de l’enseignant·e (Gagnon, 1999). Dans l’objectif de répondre aux stéréotypes masculins, les garçons s’éloignent des stéréotypes féminins et ceux qui n’adhèrent pas aux comportements masculins sont davantage victimes d’intimidation (Gagnon, 1999). Par exemple, la lecture étant considérée comme féminine, peu de garçons s’y adonnent.

Ces comportements (ne pas aimer la lecture, défier l’autorité, être turbulent) sont assez incompatibles avec la réussite scolaire. Les garçons qui décrochent le font d’ailleurs pour des raisons bien spécifiques : suspension, expulsion, recherche de plaisir à l’extérieur de l’école et désir d’apprendre un métier. Ce sont là des causes bien visibles, principalement liées aux confrontations et au sentiment de compétence, qui est plus présent chez les garçons (Réseau Réussite Montréal, 2018).

En ce qui a trait aux filles, on s’attend généralement à ce qu’elles…

  • soient calmes et discrètes;
  • soient propres et soignent leur apparence;
  • prennent soin des autres;
  • s’investissent dans le maternage;
  • etc.

Les normes sociales associées aux filles les amènent ainsi à s’engager davantage à l’école : elles se valorisent grandement par la réussite scolaire (Gagnon, 1999) et ont une plus grande expérience en lecture que les garçons. Il faut cependant noter que « les stéréotypes masculins étant plus valorisants, les garçons auraient tendance à y adhérer plus que les filles, à qui on présente des stéréotypes plus limitatifs » (Réseau Réussite Montréal, 2018).

Si certains stéréotypes féminins et comportements y étant associés (soumission, lecture, calme, etc.) sont compatibles avec la réussite scolaire, les filles qui adhèrent le plus aux stéréotypes féminins tels que la faible estime de soi, le soin aux autres, le maternage, etc. sont toutefois susceptibles de décrocher davantage que celles qui y adhèrent moins. Les filles qui décrochent le font pour des raisons qui diffèrent grandement de celles évoquées par les garçons et qui sont alignées avec les stéréotypes : venue d’un enfant, difficultés familiales, problèmes personnels. Ce sont là des causes personnelles souvent bien peu visibles (Réseau Réussite Montréal, 2018).

Le rôle des parents

Les enfants apprennent d’abord de leurs parents par imitation. Ces derniers sont des modèles qui ont valeur d’exemple. Les enfants observent qui s’occupe de la lessive, de la cuisine, de l’aide aux devoirs, qui va les chercher à l’école… Ils et elles intègrent les activités professionnelles et de loisirs des parents. Or, ces activités sont inégalement réparties selon qu’on est un homme ou une femme. La famille contribue à construire, chez l’enfant, les stéréotypes sexués.

La construction se fait par ce que l’enfant voit mais aussi par ce qu’on lui dit. Qui n’a pas entendu « Un garçon ne pleure pas ! », « Une fille ne se chamaille pas ! » ? De surcroît, la famille exige davantage des petites filles qu’elles rangent leur chambre ou qu’elles mettent la table. Les parents rouspètent quand les garçons ne le font pas, mais finissent souvent par le faire à leur place. Les fillettes reçoivent plus d’injonctions pour être sages, obéissantes et responsables. Quant aux garçons, on attend d’eux qu’ils réussissent et deviennent autonomes dans les activités qu’on leur propose (La ligue de l’enseignement, 2011).

Il est donc primordial, en tant que parents et premiers passeurs culturels pour nos enfants, de veiller à nous-mêmes valoriser différents modèles masculins et féminins afin de montrer à nos enfants qu’ils et elles peuvent être eux-mêmes et elles-mêmes, peu importe si leurs intérêts concordent ou non avec les stéréotypes sexuels. Il en va de leur réussite scolaire, après tout !

Pistes d’action pour les parents

Comment faire, en tant que parents, pour que nos enfants adhèrent moins aux stéréotypes sexuels associés à leur sexe? Voici quelques pistes d’action et domaines sur lesquels vous avez le pouvoir d’agir :

 

  • Les jouets : les catalogues de jouets confinent les petites filles dans les pages liées aux tâches ménagères (cuisine, dînette, repassage, aspirateur…), au maternage (poupons, poussettes, table à langer…) et à l’apparence (maquillage, bijoux, déguisements de princesse). De la même façon, ces catalogues enrôlent les garçons dans des personnages et des univers guerriers ou conquérants tout en leur ouvrant les portes des sciences et des techniques (lunette astronomique, coffret expérimental du biologiste…) (La ligue de l’enseignement, 2011). Les magasins de jouets sont souvent divisés selon le sexe et les jouets comme tels sont souvent stéréotypés. Pour contrer cela, privilégiez les jouets issus de la nature ou non commerciaux et proposez des jouets variés à vos enfants.

 

 

  • Les livres pour enfants : la littérature jeunesse présente beaucoup de stéréotypes sexuels, le cliché le plus connu étant certainement celui de la princesse attendant passivement d’être sauvée par un courageux prince charmant. « Statistiquement, il y a beaucoup moins d’héroïnes que de héros. Là encore les personnages féminins sont cantonnés aux tâches domestiques alors que les personnages masculins travaillent à l’extérieur. Enfin, pour couronner le tout, les femmes sont affublées d’accessoires liés au foyer et à la coquetterie (tablier, miroir, rubans) tandis que les hommes sont identifiés grâce à des attributs intellectuels (lunettes, journal) » (La ligue de l’enseignement, 2011).

 

 

  • Les vêtements : les vêtements et les chaussures déterminent une posture du corps distincte pour les filles et les garçons. Des souliers comme les chaussures à talons hauts, les « gougounes » et certaines sandales sans maintien de la cheville entravent la liberté de mouvement des fillettes. De plus, très tôt, les petites filles sont hypersexualisées avec des tenues affriolantes jusqu’à présent réservées aux femmes (string, bas de nylon sous un short, talons hauts, espadrilles compensées, jean slim, pantalon taille basse, mini-jupe, décolleté…). Elles s’épilent et se maquillent de plus en plus tôt. La publicité, les séries télé, l’industrie musicale, les clips et les magazines pour jeunes filles les incitent à désirer ces modèles de séduction promus dans l’espace public. On les encourage ainsi à devenir de belles poupées et pas des ingénieures ou des premières ministres (La ligue de l’enseignement, 2011).

 

 

  • Les activités de loisirs : souvent inconsciemment, nous décourageons les enfants à faire des activités ou à adopter des comportements liés à l’autre sexe. Cette peur de la transgression se manifeste également au moment d’inscrire les enfants dans des activités extra-scolaires. Lorsqu’un enfant souhaite pratiquer une activité jugée non conforme à son sexe. Quelle est la réaction des parents : accompagnent-ils ou dissuadent-ils l’enfant dans son choix ? Que choisissent les parents comme loisirs pour leurs filles et leurs garçons ? Il est moins commun de proposer à sa fille le karaté, le hockey, le soccer, la guitare ou la batterie, de même qu’on propose rarement à son garçon la danse, le patinage artistique, le chant, la natation. En ce sens, nous privilégions pour les filles des activités qui requièrent grâce, maintien, élégance, esthétique du mouvement (danse, équitation, natation synchronisée, gymnastique) alors que les sports pouvant être qualifiés de tradition masculine, du football au karaté, mettent en jeu des caractéristiques prétendues propres au garçon : exercer sa force, se livrer à un combat, porter ou recevoir des coups, la prise de risque corporelle et la compétition (La ligue de l’enseignement, 2011).

 

Références

LA LIGUE DE L’ENSEIGNEMENT (2011). Filles et garçons: cassons les clichés. Livret pour les parents d’élèves de CP et de CE1, Fédération de Paris, accessible à : https://fal44-viescolaire.jimdo.com/app/download/8329459385/parents.pdf?t=1427377781

RÉSEAU RÉUSSITE MONTRÉAL (2018). « Pour une égalité filles-garçons en persévérance scolaire », Réseau réussite Montréal, accessible à : http://www.reseaureussitemontreal.ca/dossiers-thematiques/egalite-filles-garcons-reussite-scolaire/

SECRÉTARIAT À LA CONDITION FÉMININE (2018). « Qu’est-ce qu’un stéréotype sexuel? », Portail sans stéréotypes, accessible à : http://www.scf.gouv.qc.ca/sansstereotypes/quest-ce-quun-stereotype/

VIDAL, Catherine (2015). Nos cerveaux, tous pareils, tous différents! Laboratoire de l’Égalité, Éditions Belin, 79 pages.

VIDAL, Catherine (2017). « Cerveau, sexe et préjugés », In. Cossette, Louise, Cerveau, hormones et sexe. Des différences en question, les éditions du remue-ménage, pp. 9-28.