Atelier sur la communication non-violente

Objectifs de l'outil

Former les étudiantes en milieux traditionnellement masculins à la communication non-violente ;
Outiller les étudiantes à répondre aux commentaires discriminatoires et au sexisme ordinaire dont elles sont la cible.
Atelier sur la communication non-violente

Description brève de l'enjeu

Dans le cadre d’une collaboration avec les groupes Plein air au féminin (PAF) et Femmes fières en foresterie (FFF), un atelier de formation à la communication non violente et aux façons de faire face aux commentaires sexistes a été développé et animé au campus de Gaspé du Cégep de la Gaspésie et des Îles. Cet atelier peut être animé auprès des femmes et personnes de la pluralité des genres qui évoluent dans des programmes traditionnellement masculins.

1. Présentations

Si elles ne se connaissent pas, inviter les personnes présentes à se présenter en partageant leur prénom, leurs pronoms et les accords qu’elles souhaitent qu’on utilise avec elles.

2. Pourquoi cet atelier ?

  • Partager aux participantes les raisons qui vous ont amené·e à organiser cet atelier, par exemple des témoignages reçus, des observations, etc.
  • Les personnes intéressées peuvent partager pourquoi elles sont venues ou si elles ont vécu des expériences qu’elles veulent partager et qui les ont amenées à vouloir venir s’outiller. Offrez un court moment où les personnes présentes peuvent « ventiler » sur leur expérience vécue comme femme dans un programme d’études traditionnellement masculin.

3. Qu’est-ce que la communication non violente (CNV) ?

La communication non violente (CNV) est un type de communication qui consiste à parler de ses sentiments, de ses besoins, de ses observations et de ses demandes sans blâmer ni critiquer la personne à qui l’on s’adresse (Gouvernement du Canada, s.d.).

C’est à Marshall B. Rosenberg que l’on doit la création de la CNV, dans la droite lignée du travail initié par Gandhi. Elle repose sur deux piliers : l’honnêteté et l’empathie. Il s’agit selon lui de synthétiser des approches et outils existants afin de créer une forme de communication fondée sur la bienveillance, qu’il estime constitutive de l’humanité. Dès lors, la CNV a pour objectif de nous amener à ré-envisager la manière dont on s’exprime et dont on entend autrui, tout en gardant à l’esprit la manière dont autrui va percevoir ce que l’on dit ; ainsi qu’il l’écrit, « plutôt que d’être des réactions machinales, nos mots deviennent [alors] des réponses réfléchies ancrées dans la conscience de ce que l’on perçoit, ressent, et désire », permettant ainsi de sortir de nos schémas défensifs qui mènent – généralement – au conflit (Damois, 2020).

Quel peut être le lien entre la communication non violente et le féminisme ? Être féministe, c’est nécessairement être non-violente (Guénette, 2012). Ça ne veut pas dire de ne pas être en colère ou ressentir des émotions d’indignation. La CNV nous invite à nommer ces émotions pour arriver à vivre des relations interpersonnelles plus harmonieuses et conscientes des autres et de leurs besoins.

N’oubliez pas : si les mots sont importants, le ton et l’intensité de votre voix jouent également un rôle important. Veillez à prononcer vos mots de manière à promouvoir la non-violence (Gouvernement du Canada, s.d.).

Comment faire?
  1. J’observe attentivement la situation (action ou inaction) 
  2. J’identifie ce que je ressens dans cette situation (émotion brute plutôt qu’interprétation) 
  3. J’explique mes besoins liés à ce ressenti (quel besoin n’est pas comblé ?) 
  4. Je demande à l’autre des actions concrètes pouvant participer de mon bien-être (requête plutôt qu’obligation) (Damois, 2020).

4. S’exercer à la CNV

À partir de témoignages que vous aurez recueillis, d’exemples ou de mises en situation fictives, invitez les personnes participantes à se placer deux par deux et à s’exercer à répondre à un commentaire sexiste avec les outils de la communication non-violente. Veillez à ce que chaque personne puisse jouer le rôle de la personne qui dit un commentaire sexiste et celui de la personne qui le reçoit.

Après l’exercice, effectuez un retour en grand groupe à l’aide des questions suivantes :

  • Qu’est-ce qui s’est bien passé dans vos échanges?
  • Qu’est-ce qui était plus difficile?
  • Comment voyez-vous l’application réelle de ces méthodes?

5. Inscrire la CNV dans une démarche systémique

La communication non violente est souvent présentée comme un outil de résolution de conflits et d’amélioration du climat social. Dans un  contexte professionnel, il faut éviter que la CNV ne se limite qu’à traiter le symptôme – le malaise ou la souffrance vécue individuellement – sans jamais s’attaquer à la maladie, c’est-à-dire aux causes collectives et organisationnelles, et notamment celles liées aux inégalités de genre. Son usage superficiel peut contribuer à renforcer et à naturaliser ces inégalités, en les rendant invisibles ou en les présentant comme des difficultés personnelles à surmonter. En se limitant à la sphère individuelle, la CNV peut participer à l’invisibilisation des rapports de pouvoir et des normes collectives qui autorisent la discrimination et la violence sexiste (Le Psy du travail).

C’est donc important d’avoir en place des outils (politiques, formations, etc.) qui permettront à long terme de transformer les rapports sociaux inégalitaires, tel que promut par le mouvement féministe. Le féminisme nous amène d’ailleurs quelques autres techniques de réponse à donner lorsqu’on subit du sexisme ordinaire (Collectif #NousToutes, 2020).

Dire « Ce que tu dis me mets mal à l’aise »

Cette remarque n’attaque pas directement la personne : « ce que tu dis, c’est vraiment de la bouette misogyne » mais permet d’exprimer une réprobation des propos. Personne ne peut remettre en cause votre ressenti. La personne qui a tenu des propos sexistes va entendre (parfois pour la première fois) que ces propos dérangent, gênent, mettent mal à l’aise. C’est la première étape avant qu’il ou elle comprenne que ces propos ne sont plus possibles.

Renvoyer la question ou la technique du « pourquoi ? »

Prenez un air candide, souriez et demandez des précisions. « Ah bon, mais pourquoi tu penses qu’elle l’avait cherché ? », « Ah bon, comment ça, sa jupe était trop courte ? C’est quoi la bonne longueur ? », « Ah bon, pourquoi tu dis ça ? ». Vous pouvez aussi enchaîner avec une série de « pourquoi ? », c’est à dire que vous questionnez la personne sur pourquoi elle dit cela, et vous continuez de demander « pourquoi » à chacune des réponses. Ça vous laisse le temps de trouver une répartie. En général, la personne en face va s’enfoncer, creuser un peu plus le stéréotype et va finir par dire un truc tellement énorme que vous trouverez des allié·e·s dans l’assemblée. 

Renvoyer au groupe pour trouver des allié·e·s

Prenez un air candide, souriez et posez la question au reste du groupe « Vous en pensez quoi les autres ? » (ne prenez pas de ton agressif, même si parfois vous avez très envie, sinon, vous risquez de perdre de potentiel·le·s allié·e·s). Ça vous laisse le temps de trouver une répartie. Parfois, une personne alliée dans l’assemblée va trouver une répartie efficace. Si des personnes sont d’accord avec le stéréotype, elles vont en général creuser un peu plus l’idée reçue et finir par dire un truc tellement énorme que vous trouverez la répartie adéquate.

Détourner l’attention

Relancez la conversation sur un tout autre sujet. Vous pouvez aussi vous rappeler que vous avez le droit de ne pas répondre.

Ressources inspirantes

Pour terminer, partagez ces ressources avec les participantes :

Document

Aide-mémoire_CNV
Taille du fichier: 158 Ko (application/pdf)

Références

Image en vedette: Valérie Morin, Psychoéducatrice